Hello mes mignons !
Après y avoir réfléchi pendant plusieurs semaines, j’avais vraiment envie — et peut-être besoin aussi — d’écrire sur un sujet un peu différent de ceux que j’ai l’habitude d’aborder ici, parce qu’il me tient très à coeur. Cet article sera sûrement très long, et pas forcément hyper drôle mais j’espère qu’il vous intéressera !

Le sujet que je voudrais aborder avec vous c’est Le T.D.A. Alors non, ce n’est pas un nouveau programme sportif sensé détrôner le TBC, ou BBG ou ce que vous voulez (malheureusement pour moi, je n’ai toujours pas l’intention de succomber au « healthy » et tout le reste). Ce n’est pas non plus un nouveau défi stupide comme on en croise sur les réseaux sociaux.
T.D.A. sont les initiales de Trouble Déficitaire de l’Attention.
Je voudrais que cet article permette d’informer les gens sur ce trouble neurologique trop peu connu en France, et qu’il serve de témoignage, donne des réponses à tous ceux qui s’interrogent, comme j’ai pu m’interroger pendant longtemps. Je vous épargnerai tout le blabla scientifique, pour cette facette-là, notre poto Google fera bien l’affaire.

Il existe en fait plusieurs sortes de T.D.A. que je ne vais pas toutes détailler ici :
– avec hyperactivité
– avec impulsivité
– puis l’autre, plus discret, moins dérangeant donc moins perceptible : le T.D.A. avec inattention. C’est de ce cas-là dont je veux vous parler, parce qu’on le néglige beaucoup trop souvent. On peut dire que c’est un peu de l’hyperactivité, oui, mais dans sa tête (hypoactivité du coup) ! On est noyé par les informations et incapable de faire le tri, on subit un flot de pensées en continu, qui s’enchaînent sans aucun sens parfois).

Mais plus précisément le T.D.A. c’est quoi en fait ?

Illustration
source : http://www.dys-solution.com/

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C’est cette petite fille qui passe ses journées la tête dans les nuages à des années lumières de ce qu’il se passe en classe.
C’est ce petit garçon qu’on réprimande souvent pour son étourderie, ses oublis, qui bute et se renferme face à ses leçons qu’il n’arrive pas à retenir.
C’est cet adolescent qui se sent à part, un peu en décalage avec les autres, parfois en échec scolaire ou avec des résultats irréguliers, ou cette adolescente angoissée, qui n’a pas confiance en elle, qui se répète qu’elle est nulle et à qui on reproche de ne pas faire d’efforts.
C’est aussi cette étudiante qui voit toujours sur ses bulletins depuis l’école primaire : »Bon début mais il faut aller plus loin », « du potentiel mais qui reste inexploité », qui flâne pendant ses examens et ne parvient pas à se remobiliser.
Ou cet homme qui procrastine, remet tout au lendemain, et accumule la paperasse administrative, sans jamais trouver la motivation de s’en occuper, cette femme désorganisée qui fait des « to do lists » mais oublie de les regarder, etc etc…

Sans oublier la nana (non je ne parle pas du tout de moi non) qui oublie sa voiture sur un parking pendant 2 semaines, et qui la retrouve à la fourrière encore 2 semaines après, des PV plein le pare-brise, qui se chante du Claude-François en boucle dans sa tête pendant des examens de 6h, ne réussissant pas à penser à autre chose… Qui dit un truc et l’oublie 3 minutes après, ou qui attend qu’il ne reste plus que deux jours pour se mettre sur un projet de plusieurs mois, parce qu’elle n’a plus d’autre choix que de réussir à se concentrer, qui est obligée de se mettre une pression de dingue pour s’en sortir.

Ouf ! Ca fait beaucoup pas vrai ? Pourtant la plupart du temps ces soucis passent inaperçus. On vous dira simplement que vous êtes tête en l’air, que vous planez à dix milles, que vous êtes bordélique ou simplement désorganisé, feignant, lent, sans savoir que le problème est parfois bien plus profond que ça en fait (difficile de savoir si c’est du au T.D.A. ou si c’est seulement dans votre nature). Je peux vous assurer que ça été compliqué d’en parler avec mes proches ! Jusqu’au moment où le diagnostic est tombé, impossible de leur faire envisager l’idée que je puisse être concernée. Pourtant, ils étaient les premiers à me dire « mais à quoi tu penses ? », « N’oublie pas ceci, pense à cela », à ne pas comprendre comment je faisais pour toujours perdre ou laisser des affaires derrière moi, à désespérer pour toutes les choses citées plus haut. Les premiers avec qui je me disputais parce que j’ai toujours été incapable de me concentrer pour apprendre mes leçons ou écouter les gens parler.

Certains ont la chance d’être diagnostiqués dès l’enfance, et peuvent donc travailler avec des spécialistes sur leurs difficultés et trouver des moyens de combler les manques. Sur 50% des cas, le trouble se dissipe en grandissant. D’autres ont la « joie » de le découvrir à l’âge adulte, comme ça été mon cas il y a quelques semaines. Dans ces cas-là les troubles restent présents et il devient beaucoup plus compliqué de travailler dessus. En général on arrive quand même à compenser et il existe toujours des méthodes pour mieux s’organiser, travailler, avoir de meilleurs rapports avec les autres, bref, avoir un quotidien plus ou moins normal.


Mais surtout, quand on l’apprend à l’âge adulte (enfin je parle pour moi en tout cas), le plus dur c’est de l’accepter. Lorsqu’on m’a donné les résultats des tests que j’ai passé, je suis restée plusieurs jours dans une espèce de brouillard, j’avais tout le temps envie de pleurer et c’est ce que j’ai fait plusieurs fois. Pourquoi ? Et bien parce que d’un coup, la petite fille secrètement tourmentée que j’étais avait ressurgi. D’un coup j’avais l’impression que tout s’éclairait, mais ça faisait mal en même temps, c’était trop d’émotions à supporter. J’avais toutes les réponses aux questions que je m’étais toujours posées. Tout concordait, mais je n’arrêtais pas de me répéter « bon sang si je n’avais pas eu ce souci j’aurais pu faire ci, je n’aurais pas eu autant de difficultés à tel moment, à cause de ça je n’ai pas pu faire ci, je n’ai pas pu aller là »… Bref une vingtaine d’années d’existence remise en question. D’autant plus je ne trouvais pas le soutient que j’avais espéré auprès des gens à qui j’en avais parlé : certains restaient sceptiques, d’autres ne réagissaient pas, d’autres encore me répondaient des « ouais moi aussi j’ai du mal à me concentrer, mais c’est notre société qui veut ça ! » Bref vous voyez le genre. Peu ont été à l’écoute et compréhensifs (bon il y en a eu quand même hein, merci à vous si vous me lisez d’ailleurs), parce que comme je vous l’ai dis au début, c’est un trouble méconnu ici, et donc incompris la plupart du temps.

Pourtant je devrais relativiser. Beaucoup de gens souffrant du T.D.A. n’ont pas eu la possibilité de faire des études supérieures, de s’épanouir au travail, de nouer des relations, beaucoup ont plus de difficultés que j’en ai (même si je sens bien que je dois faire 4 fois plus d’efforts que n’importe qui pour la moindre tache). Alors j’essaie de me dire, que jusqu’ici j’ai toujours réussi à faire avec mes soucis (même si au fond de moi je sentais qu’un truc clochait). Donc il faut continuer d’avancer, et montrer qu’on peut y arriver aussi bien que n’importe qui (fâcheuse tendance à vouloir prouver quelque chose à soi et autres) !

Une personne atteinte d’un T.D.A. n’est pas plus bête que les autres, au contraire ! C’est une sorte de handicap invisible certes, mais qui ne devrait pas être perçu comme un obstacle, c’est juste une autre façon de fonctionner. On observe même souvent des cas de T.D.A. surdoués ou proche de la douance, et qui réussissent très bien dans des domaines où leurs atouts peuvent s’exprimer. Parce qu’on a aussi des qualités hein (nooon c’pas vrai ?) : Créativité, capacité à se focaliser et se concentrer sur un sujet qui nous intéresse fortement, à s’adapter, volonté, curiosité, ouverture d’esprit, sensibilité, franchise, spontanéité, énergie… Vous voyez ? Et heureusement d’ailleurs, sinon peut-être que je n’aurais jamais été capable de créer ce blog, ni même d’écrire cet article. Il paraît même que des mecs comme Picasso, Einstein et Mozart (entre autres) avaient un Trouble Déficitaire de l’Attention !

Alors j’espère qu’en lisant cet article vous aurez appris des choses si vous ne connaissiez pas le sujet, que ça pourra aider ceux qui sont concernés (ou qui pensent l’être) de voir quelqu’un d’autre dans leur cas, et que ça permettra de faire connaitre un tout petit peu plus le T.D.A. Il existe des sites sur lesquels vous pouvez avoir plus d’informations, comme tdah-france ou tdah-adulte entre autres.
Je ferai peut-être un article conseil pour mieux s’organiser et faire avec tous ces petits désagréments au quotidien, voire pourquoi pas aussi un article pour vous raconter toutes les anecdotes les plus absurdes ou marrantes d’une fille qui plane à dix milles ! ;)

12 Comments

  1. (de rien ;) )
    Superbe article, bien ficelé, compréhensible sans te perdre dans les détails (enfin, j’suis pas très objective vu que je connais ce par quoi tu es passée)….

    Cependant, et c’est mon avis personnel hein, au travers de ton article, on a l’impression que si on est un peu dans la lune, qu’on a une mémoire de 3 secondes doublée d’une concentration d….. oh un chat ! Euh, bah que les rêveurs/rêveuses de ce genre, ont forcément un soucis dans la caboche. Tu comprends ? Attention a ne pas créer la psychose non plus.

    • Oui je vois ce que tu veux dire c’est sûr qu’il ne faut pas faire l’amalgame, j’ai parlé aussi d’autres soucis que ceux que tu as cité ;) mais après mon article n’a pas pour but de dire « vous avez tel symptôme ? Alors vous souffrez d’un TDA ! » ^^ seulement tu vois, on m’a longtemps catalogué comme la fille dans la lune, on pensait que j’étais juste rêveuse et étourdie, alors que ça cachait quelque chose de plus sérieux. Donc c’est aussi pour expliquer aux gens que ce n’est pas forcément anodin ! :) merci pour ton avis ma poule !

  2. On m’as toujours reproché de ne pas écouter les autres parler, (enfin je veux dire je l’ai regarder mais je n’entendais pas) vu que je pensais à autre chose, ça m’arrives quotidiennement et c’est très dur à vivre, je regarde mais je n’entends pas, et pour entendre je dois me concentrer, j’ai longtemps cru que j’etais  »dans la lune » mais non et c’est bien un handicap au quotidien, et pleins de chose se passe tout les jours ou je dois vraiment faire un effort pour me concentrer.Je trouve que ce n’est pas encore assez reconnu.
    Ton article est très bien écrit.

    • Comme je te comprends ! Je suis comme ça aussi, je ne me rends même pas compte en fait que je regarde la personne, l’entend mais sans vraiment l’écouter ! Oui c’est handicapant pour tous les jours, mais pour les autres ça ne se voit pas forcément. Merci beaucoup ! :)

  3. Je ne sais pas si c’est ce dont je « souffre ». J’ai l’impression d’avoir certains symptômes mais d’autres non. J’ai toujours très bien travaillé à l’école. Pourtant je faisais vraiment tout à la ramasse en mode dernière minute. Parfois je suis trop speed. Je veux toujours tout avoir fini et vite donc je fais pleins de choses à la fois et j’ai l’impression d’être débordée tout le temps. Il y a des jours où je n’ai le courage de rien. Je me sens mal. Je procrastine. Je remets à plus tard. Je me sens déprimée même car l’impression que je ne m’en sortirai jamais avec tout ce que j’ai à faire. Je me mets la pression seule en fait. Je me sens nulle aussi parfois dans le boulot par exemple. Alors qu’on me dit le contraire. J’ai besoin de toujours tout noter de faire des listes aussi. Et j’ai surtout énormément de mal à me concentrer sur plusieurs choses. Du coup on me dit aussi très souvent que je n’écoute pas les gens. Quand je suis sur quelque chose je peux ne pas prêter attention à quelqu’un qui rentre dans mon bureau par exemple. Et je suis hypersensible. Parfois je vais me rendre malade pour des trucs qui peuvent paraître anodins pour d’autres personnes. Je vais m’énerver pleurer. Avoir l’impression d’être dépassée. Angoissée. Juste car j’ai du ménage à faire. Mon sport. Ma douche. Et que le chat a sali plus que d’habitude. Je suis TOUJOURS en retard aussi. Enfin bref. Voilà. Je sais pas si c’est ce que j’ai. Seul truc je suis pas bordélique. Justement au contraire j’ai l’impression de l’avoir été dans le passé mais d’être devenue maniaque maintenant. Je passe mon temps à ranger. Nettoyer. Pour éviter d’avoir à le faire après. Alors qu’au final ça ne change rien car je le fais tout le temps ! Je sais pas comment expliquer. Mais oui c’est dur à vivre et je sais pas si c’est ce que j’ai ou pas en fait…

    • Moi je ne peux pas te dire si tu l’as ou pas, en effet y a plein de choses qui font tilt là en les lisant, j’ai beaucoup de points communs avec toi. Mais si tu as des doutes vraiment n’hésite pas à te renseigner, à en parler à un médecin ou consulter un psy, je pense que c’est la seule solution. :) Après certains « symptomes » nous concernent, d’autres non, tous les cas sont différents, ça dépend des gens ! Moi je ne suis pas spécialement bordélique, en fait ça dépend… Genre l’arrière plan de mon bureau est bourré de trucs, mais j’aime bien avoir les trucs dont j’ai besoin à portée de main plutôt que d’aller fouiller des dossiers. J’ai souvent la flemme de ranger, mais quand je range pourtant je me sens mieux (d’ailleurs à chaque fois que je range je me dis « ben tu vois Justine c’est agréable de ranger, tu pourrais le faire plus souvent ! », mais à chaque fois je repousse, je repousse et la tache fini par me sembler insurmontable >< Enfin voilà, vraiment parles-en, renseigne-toi, ça pourrait t'apporter beaucoup de réponses ! :)

      • Oui je pense que je vais me renseigner. C’est ma copine qui m’en a parlé en voyant un reportage à la TV. C’est quoi comme test ?

        • Moi j’ai passé des tests écrits, pour contrôler la concentration à court et long terme, pour la mémoire etc… J’ai pas mal discuté avec la psy aussi qui m’a posé beaucoup de questions. Je crois que dans certains centres ils font ça et en plus ils demandent des témoignages de la famille, mais la mienne habitant loin on ne me l’a pas demandé.

  4. Contente que tu parles de ça même si c’est toujours étrange de se retrouver dans les lignes d’une quasi inconnue :) Tu parlais des pensées trop nombreuses, ça s’appelle des pensée en arborescence (parce qu’elle parte d’une idée et s’étale en différentes branches qui s’étalent en différentes branches qui …) et je connais tout à fait ça ! Personnellement on m’a diagnostiqué comme « enfant précoce » et le TDA est une suite de ce diagnostic. D’ailleurs j’ai souvent entendu dire que ce trouble était très souvent détecté chez des enfants précoce (qui on des difficultés à l’école très souvent…)
    Par contre je n’ai pas eu la même réaction que toi face à ça… J’ai plutôt été soulagé j’avoue ! J’ai toujours été décalé vis à vis de mon entourage, malgré mes efforts pour rentrer dans le moule, plusieurs fois j’ai pensé être folle ! et quand j’en ai eu l’explication j’ai vraiment été soulagé..
    En tout cas je pense que même si la vie nous met quelques bâtons dans les roues il ne faut pas pour autant renoncer à faire ce que l’on a envie de faire, il faut simplement savoir qu’on y arrivera peut être pas aussi facilement, ou peut être pas par le même moyen que les autres :)
    Merci pour cet article un peu différent ! bisous !

    • Oh toi aussi ! ^^ Comme toi je me suis toujours sentie en décalage et bizarre à côté de ma famille, sans jamais comprendre pourquoi. Et oui c’est sûr, moi aussi j’ai ressenti un certain soulagement ! Parce que je savais enfin, parce que je pouvais arrêter de penser à ça en me disant « si ça se trouve je l’ai », parce que ça répondait à mes questions. Mais d’un autre côté oui ça m’a bouleversée.
      Tu as raison il ne faut pas se laisser décourager par ça, je suis très contente de pouvoir échanger un peu avec d’autres personnes qui connaissent ça ! :)
      Bécots xxx

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